i. L’épilepsie
L’EEG/MEG est le plus souvent utilisé pour détecter une épilepsie ou suivre un patient épileptique. L’épilepsie est une maladie neurologique due à une hyperactivité cérébrale. En effet, elle résulte de l’apparition de décharges électriques soudaines et excessives au sein d’un groupe de neurones : ces décharges sont appelées paroxystiques. L’épilepsie peut se manifester de différentes façons. Il en existe deux types général : l’épilepsie partielle (70 % des cas selon l’OMS) et généralisée (30 % des cas).
L’épilepsie partielle se manifeste toujours au même endroit du cerveau et engendre les mêmes symptômes suivant sa localisation au sein du cerveau car à chaque partie du cerveau est associé une fonction spécifique comme le lobe occipital pour la vision, le cortex moteur pour les mouvements… Ainsi une hyperactivité au sein du cortex moteur entraine la contraction de certains membres. Une au niveau du lobe pariétal entraine des crises sensitives avec des sensations corporelles diverses. Au niveau du lobe occipital on observera des crises visuelles avec une vision déformée et des déviations saccadées du regard. Une atteinte au lobe frontal engendre des rotations brusques des yeux et de la tête. Au sein du lobe temporal le patient sera sujet à des hallucinations auditives et de fausses sensations d’odeurs. Il peut présenter également des signes végétatifs en particulier une accélération du cœur, des troubles digestifs et respiratoires et des automatismes gestuels comme le mâchonnement, enfin il tombe dans l’inconscience totale.
L’épilepsie généralisée affecte toutes les cellules et donc toutes les parties du corps.
Schéma du cerveau représentant les différentes
zones pouvant être
touchées lors d’une crise épileptique et leurs conséquences
Source : Article sur l’épilepsie sur
le site de ‘Forenap-recherche’
Pour en revenir à l’EEG/MEG, même si il est très rare d’enregistrer une crise épileptique partielle ou généralisée il existe des signes avant-coureurs observables à l’EEG/MEG notamment des anomalies dans les tracés qui témoignent de la présence et du type de crise. En effet grâce à l’EEG/MEG on peut classer les épilepsies en trois catégories spécialisés: l’épilepsie partielle absence qui provoque une perte de contact avec la réalité et qui est remarquée par des pointes-ondes ^^^1^^^(les pointes-ondes correspondent à l’apparition d’un cycle composé d’un ou plusieurs (polypointes-ondes) pics de grande amplitude suivi d’une onde lente) régulières à 3 Hz sur les deux hémisphères; l’épilepsie partielle bénigne de l’enfant se déroulant au cours du sommeil ou juste avant le réveil et affectant la bouche, le visage, les organes de la parole voire l'ensemble des organes et qui est remarquée par des pointes répétitives provenant d’électrodes placées à des endroits précis du cerveau et pas forcément présentes sur les deux hémisphère ; et enfin l’épilepsie généralisée myoclonique juvénile qui est une maladie génétique et est détectée par de subites et nombreuses pointes-ondes inférieures à 12 Hz.
Tracés EEG anormaux avec la
présence de pointes régulières répétitives
à 3 Hertz dans l’hémisphère
gauche : cas d’une épilepsie partielle absence
Source :
Livre intitulé ‘Interprétation des examens complémentaires
en neurologie’
écrit par Jean-Marc Léger publié à l’Edition Doin
Tracés EEG anormaux avec la
présence de pointes répétitives centrales
dans l’hémisphère gauche : cas
d’une épilepsie bénigne de l’enfant
Source :Livre intitulé
‘Interprétation des examens complémentaires en neurologie’
écrit par
Jean-Marc Léger publié à l’Edition Doin
Tracés EEG anormaux avec la
présence de pointes soudaines générales
inférieures à 12Hertz: cas d’une
épilepsie myoclonique juvénile
Source :
Livre intitulé ‘Interprétation des examens complémentaires en
neurologie’
écrit par Jean-Marc Léger publié à l’Edition Doin
Il est possible également de détecter syndrome de Lennox-Gastaut, un des plus graves syndromes épileptiques de l'enfant, réfractaire au traitement et fréquemment associé à un retard mental se distinguant par des pointes d’ondes lentes (delta et thêta) et continues à moins de 3 hertz.
Néanmoins l’EEG/MEG peut rester standard chez un patient épileptique. Il est alors nécessaire d’effectuer des enregistrements prolongés (de 2 à 4 heures), des enregistrements de sommeil, des enregistrements diurnes après une privation de sommeil… Toutes ces expériences ont pour but l’enregistrement d’une crise qui donne de plus amples informations sur le malade les anomalies étant renforcées. En revanche pour localiser les lésions responsables de l’épilepsie partielle il est nécessaire d’avoir recours au scanner ou à l’IRM, l’EEG/MEG ne permettant pas une visualisation assez précise.
ii. Infections et inflammations
L’EEG/MEG est très utile pour identifier et localiser les infections et inflammations. On observe alors des tracés EEG/MEG très évocateurs tel que des formes de courbes d’une durée de 200 à 400 millisecondes réapparaissant toutes les 0,5 à 10 secondes ou encore une activité très lente avec des formes variant peu et réapparaissant à intervalle plus régulier. On peut ainsi mettre en relation ces données avec par exemple la détection de la maladie de Creutzfeld-Jacob qui résulte de l’accumulation d’une protéine (PrP) engendrant des infections et qui entraîne une dégénérescence du système nerveux.
L’EEG/MEG est utilisé aussi pour détecter des encéphalites qui sont des inflammations de l’encéphale la plupart du temps d’origine virale. La plus fréquente est l’encéphalite herpétique (dû au virus de l’herpès) qui se distingue par une activité lente au niveau des lobes temporaux, se manifeste par des troubles d’élocutions et des convulsions et est confirmée par d’autres techniques telles que le scanner, la ponction lombaire…
iii. La surveillance du traitement
De plus l’EEG/MEG pratiqué chez un individu épileptique peut être utilisé comme complément d’un traitement pour vérifier son efficacité, comprendre son inefficacité comme pour le cas de patients résistants à un traitement antidépressif ou encore pour prouver son effet indésirable sur la personne concernée telle une intolérance à un des médicaments du traitement thérapeutique marqué par un ralentissement global de l’activité EEG/MEG. Par exemple c’est de cette façon qu’est repérée une intoxication aux barbituriques ou aux benzodiazépines qui sont des dépresseurs du système nerveux central. Ils agissent en ralentissant son activité, diminuant ainsi le risque d’occurrence d’une crise épileptique. Malheureusement ils peuvent également avoir des effets nocifs comme des syndromes cutanés graves, un phénomène récurrent de somnolence et des troubles de l'apprentissage et doivent être administrés avec précaution.
iv. La surveillance d’opérations
En outre, les enregistrements EEG/MEG peuvent accompagner des opérations vasculaires et cérébrales tel que celles visant à extraire des tumeurs du cerveau notamment en cas de troubles de la conscience graves pour évaluer les dégâts et les risques éventuels d’apparition de crises épileptiques. Ces opérations étant à risque, l’EEG/MEG sert à vérifier que le cerveau répond bien aux différents stimuli produit lors de l’enregistrement surveillant ainsi que l’état neurologique de l’individu n’est pas dégradé.
v. Coma et mort cérébrale
Le coma se définit par une altération de la vigilance qui se manifeste par une somnolence irréversible malgré l’application de stimulations extérieures et par une inconscience de soi-même et de l’environnement et se manifeste par la suspension du langage et de mouvements dirigés de façon précise vers les stimulations génératrices de douleur.
Etant donné qu’un individu atteint de coma ne répond plus à aucunes stimulations et reste constamment dans un état de sommeil il suffit de ne pas observer l’activité de la zone supposée fonctionner à la suite d’un certain stimulus et de ne remarquer peu ou pas d’ondes alpha pour diagnostiquer cet état.
On distingue tout de même quatre stades de coma : le premier est appelé coma léger ou coma vigile et correspond à une disparition du rythme alpha sauf lors des stimulations ; le second est appelé coma réactif et permet l’observation de tracés occupés par des rythmes lents delta et surtout thêta légèrement modifiés par les stimulations ; lors du troisième les rythmes lents persistent, s’aggravent même en lenteur et ne sont plus sensibles aux stimulations ; enfin le quatrième est celui où l’EEG ne recueille plus d’activité électrique : cet état se nomme la mort cérébrale. La respiration et les battements du cœur pouvant être maintenus artificiellement par des techniques de réanimation cet état est très propice au don d’organes : ils ne sont en aucun cas abimés et donc sont facilement conservables.
vi. EEG et prothèses
Des recherches sont en train d’être effectuées sur le rôle de l’EEG dans la compréhension des désirs humains. En effet lorsque nous voulons effectuer un mouvement, certaines zones du cortex, en particulier l’arrière des lobes frontaux et du cervelet sont sollicitées pour déterminer la force, la vitesse, etc que chaque muscle doit fournir. Deux chercheurs canadiens de l’université de Ryerson : Michal Prywata et Thiago Caires se sont donc penchés sur la possibilité d’interpréter les résultats obtenus avec un EEG miniature et les transmettre à un membre robotisé pour faire en sorte qu’un homme amputé puisse à nouveau jouir d’un semblant de membre fonctionnel. Plus précisément dès que le casque mesure une activité des zones motrices du cerveau il transmet les informations recueillies au bras articulé. L’ordinateur intégré dans la prothèse compare alors les signaux reçus à ceux d’une base de données intégrée pouvant relier chaque signal à un mouvement mécanique et indique ensuite au membre métallique le mouvement à effectuer. La prothèse se déplace alors grâce à un système hydraulique simulant la contraction et le relâchement des muscles. Cette nouvelle technique, une fois mise en place et commercialisée révolutionnera le monde des prothèses qui, jusqu’à maintenant, ne pouvait pas effectuer de mouvements en accord direct avec son propriétaire.
Michal Prywata, Thiago
Caires et une partie de leur invention
Source :
Article ‘La volonté peut déplacer votre prothèse de bras’ sur le site
‘Biomeandelectronics’
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